Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/647

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propre gloire, & pour celle de ſon Maiſtre, repouſſa les Mariandins, & les Lydiens qui les ſoutenoient, juſques à demy hauteur de la Coline dont ils eſtoient deſcendus ; mais un moment apres trois Eſcadrons les venant ſoutenir, & ces trois eſtant ſuivis de toute la Cavalerie de Creſus, qui fut commandée pour s’oppoſer à la valeur d’Hidaſpe ; il falut que les ſiens cedaſſent à la multitude, & ſe retiraſſent en confuſion, principalement parce qu’ils ſe retiroient en deſcendant. Cyrus de qui la prudence ne pouvoit eſtre trompée, & qui avoit preveû ce qu’il voyoit, avoit commandé à une partie de ſes Troupes, de ſe mettre en Bataille ſur la hauteur la plus proche, & avoit voulu que ſa Ligne s’arreſtaſt dans la plaine, afin de favoriſer en perſonne la retraitte d’Hidaſpe. Pour cét effet il avoit eſté d’Eſcadron en Eſcadron exhorter tous ceux qui les compoſoient, à ſe monſtrer dignes de l’opinion avantageuſe qu’il avoit de leur courage : & en effet il creut qu’ils feroient ce qu’ils avoient accouſtumé de faire, & qu’ils ne l’abandonneroient pas. Cependant comme il eſtoit preſt d’aller charger ceux qui forçoient les ſiens à ſe retirer avec tant de deſordre : & que l’on voyoit deſja dans ſes yeux cette fierté qui avoit accouſtumé d’inſpirer une nouvelle ardeur à ſes Soldats, & d’eſpouvanter ſes ennemis ; ces meſmes Eſcadrons qui luy avoient promis de ne le quitter point, & qui ne l’avoient jamais quitté, ſe trouverent capables de la peur qu’ils avoient accouſtumé de donner aux autres : ainſi ſoit que la multitude des Ennemis les eſtonnaſt ; ſoit que la retraitte tumultueuſe des leurs eſbranlaſt leur courage ; ou ſoit qu’il y ait certains momens dangereux à la guerre, où les plus braves ne peuvent reſpondre d’eux meſmes, ils abandonnerent Cyrus : de ſorte qu’il ne pût faire autre choſe que ſonger