Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/100

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qu’elle le croit : & que les conventions que nous avons ensemble, ne sont pas de la nature que vous les imaginez. Si elles ne sont pas criminelles, respondit Ciaxare, vous n’avez qu’à me les apprendre : n’ignorant pas qu’il y a sans doute quelque secret sentiment dans le fonds de mon cœur, qui ne cherche qu’à vous justifier. Ciaxare ouvrant alors les Tablettes, se mit à relire tout haut ce qu’Artamene y avoit escrit : & le regardant fixement ; comment expliquez vous ces paroles ? luy dit il.

Je ne manque jamais à ce que j’ay promis, non plus qu’à ce que je dois : ainsi vous devez estre assuré de me voir observer inviolablememt, toutes les choses dont nous sommes convenus.

Parlez Artamene, parlez, adjousta t’il ; qu’avez vous promis au Roy d’Assirie ? Et comment pouvez vous luy avoir promis quelque chose, & n’avoir pas manqué à ce que vous me devez ? Seigneur, respondit Artamene, vous sçavez que le Roy d’Assirie & moy, avons eu autrefois quelques petits differens ensemble : & que l’amour de la Gloire nous a faits Rivaux il y a long temps. Ainsi, Seigneur, nous avons certaines choses à démesler, qui ne regardent point vostre Majesté ; & dont je la supplie tres-humblement ; de ne s’informer pas davantage. Vous me direz pourtant encore, respondit Ciaxare en eslevant la voix, quelle couleur vous pouvez donner à ces paroles, qui sont la fin de vostre Billet.

Je souhaite seulement, que nous soyons bien tost en estat, de disputer un prix dont je suis indigne :