Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/133

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tout le soing que demande un Horoscope ; ils avoient tousjours trouvé, qu’elle seroit assez longue : & qu’ainsi il faloit de necessité conclurre, que ce mauvais presage regardoit son authorité toute seule. Que venant à considerer, que la paix estoit presentement chez tous ses voisins comme chez luy ; ils ne voioyent point de cause bien apparente, de cette revolution universelle, dont toute l’Asie, & particulierement la Medie estoit menacée ; que cependant il estoit certain qu’elle arriveroit d’où qu’elle vinst ; si l’on ne profitoit des advertissemens que le Ciel en avoit donné, comme Ciaxare son pere en avoit profité autrefois. Astiage surpris & espouvanté de ce discours, les pressa de nouveau fort instamment, de luy dire tout ce qu’ils pensoient : & comme il eut remarqué, qu’infailliblement ils cragnoient encore quelque chose qu’ils ne luy disoient pas ; il leur commanda si absolument de parler avec sincerité ; qu’enfin ils luy dirent, que selon leur advis, il estoit à craindre, que cette clarté extraordinaire, qui avoit suivy l’obscurité ; & que ce Soleil qui s’estoit découvert en un instant ; ne voulussent signifier que le Prince son fils conseillé par quelques esprits ambitieux, ne songeast un jour à s’emparer de sa Couronne : que cette lumiere eclipsée ne fust un presage que sa puissance la seroit bien tost : & que cette nouvelle clarté, ne marquast bien visiblement, l’esclat qui suit un nouveau Prince. Que la chose n’estoit pas pourtant sans remede : que les Dieux n’advertissoient pas les hommes inutilement ; & que comme le Roy son pere les avoit appaisez en faisant la paix ; il faloit qu’il songeast à se les rendre propices, par des Sacrifices & par des Vœux, aussi bien que par ses Vertus. Que sur tout il