Soldat, aussi vaillant que mon Maistre. Artamene se trouva aupres de Ciaxare, lors qu’il reçeut ce compliment, où il respondit avec beaucoup de civilité : quoy que tout ce qui venoit de la part d’un Amant de Mandane, ne luy fust guere agreable. Cependant les Rois se separerent, & Ciaxare s’en retourna dans Anise : tout le Peuple sortit de la Ville pour le recevoir : toute l’Armée parut en bataille : la Princesse mesme qui avoit esté advertie de ce qui s’estoit passé, par un homme que le Roy luy avoit envoyé en diligence, & qui en avoient averty le Camp & le Peuple, vint au devant du Roy jusques à la porte du Chasteau : où Ciaxare luy presenta Artamene, qu’elle reçeut de fort bonne grace, & avec beaucoup de joye. Mais comme elle voulut luy tesmoigner la satisfaction qu’elle avoit, de le voir sorty d’une occasion dangereuse ; ne la nommez pas ainsi Madame, luy dit il en rougissant, & ne me faites pas ce tort, de croire que j’aye esté fort exposé en ce combat. L’honneur que vous m’aviez fait, de m’assurer de faire des vœux pour ma victoire, a esté plus loing que je ne voulois : puis qu’enfin ces vœux & ces prieres, m’ont fait vaincre sans peril. J’e ne sçay pas, luy respondit la Princesse, si vous avez vaincu sans peril : mais je sçay bien que vous n’avez pas viancu sans gloire. Ils dirent encore beaucoup d’autres choses, qui seroient trop longues à raconter : & Ciaxare pour reconnoistre en quelque façon les services d’Artamene, luy donna non seulement le Gouvernement de Cerasie qu’il avoit conquise ; & de la quelle il croyoit entrer en possession un jour apres : mais encore celuy d’Anise, & de tout le païs qui l’environne, qui vaquoit par la mort e son Gouverneur : estant bien juste, dit le Roy,
Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/310
Apparence