parole, se retira effectivement de devant Cerasie : mais vous sçaurez aussi que les habitans de cette Ville, aimoient si passionément ce Prince, sous la domination duquel, ils vivoient depuis long temps ; & avoient esté si mal traitez par les derniers Rois de Capadoce, sous lesquels ils avoient autrefois esté ; que le Roy de Pont ne pût jamais leur persuader ; d’ouvrir leurs portes à son Ennemy. Il creut toutefois, que lors qu’ils le verroient party, ils changeroient de resolution : si bien qu’il n’en envoya rien dire à Ciaxare, pour ne l’irriter pas contre eux : & se contenta de se retirer, comme il y estoit obligé : y laissant un Capitaine, & cinq cens Soldats, avec ordre de remettre la Place, à ceux que le Roy de Capadoce envoyeroit pour la recevoir. D’autre par, Ciaxare voulant favoriser Artamene en toutes choses, luy dit fort obligeamment, que c’estoit à luy à s’en aller prendre possession de sa Conqueste : & pour cét effet, le jour qu’il devoit entrer dans Cerasie estant arrivé, le Roy l’envoya vers cette Ville, à la teste de six mille hommes. Mais Artamene fut bien estonnée de voir que les Portes en estoient fermées. & que toute les Murailles estoient bordées de Soldats, avec des Arcs & des Fleches pour se deffendre, si on les vouloit attaquer. Artamene qui s’estoit attendu à une Entrée, fut un peu surpris, de vois, qu’il luy faloit plustost songer à un affaut : neantmoins il voulut auparavant sçavoir, ce que cela vouloit dire. Il fit donc faire alte à ses Trouper, à la portée de la fleche : & envoya sommer les Habitans de Cerasie de luy ouvrir leurs Portes, suivant les conditions faites avec le Roy de Pont. Mais comme ils avoient bien preveû que la chose iroit ainsi, lors qu’ils
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