Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que pour faire voir combien il en eſtoit touché, il ordonna un deüil public d’un an par tout ſon Empire. Et puis, lors que l’amour eſt innocente, comme la ſienne l’eſtoit, cette noble paſſion eſt pluſtost une vertu qu’une foibleſſe : puis qu’elle porte l’ame aux grandes choſes, & qu’elle eſt la ſource des actions les plus heroïques. J’ay engagé dans mon Ouvrage preſque toutes les Perſonnes illuſtres, qui vivoient au Siecle de mon Heros : & vous verrez, tant dans ces deux Parties que dans toutes les autres juſques à la Concluſion ; que je ſuy quaſi par tout Herodote, Xenophon, Juſtin, Zonare, & Diodore Sicilien. Vous pourrez, dis-je, voir qu’encore qu’une Fable ne ſoit pas une Hiſtoire, & qu’il ſuffise à celuy qui la compoſe de s’attacher au vray-ſemblable, ſans s’attacher toujours au vray : neantmoins dans les choſes que j’ay inventées, je ne ſuis pas ſi eſloigné de tous ces Autheurs, qu’ils le ſont tous l’un de l’autre. Car par exemple, Herodote décrit la guerre des Scithes, dont Xenophon