Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/351

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Bien est-il vray qu’il n’en eust pas esté plus mal traité : mais nous n’eusmes pas loisir de voir ce qu’il fust arrivé de ce différent : car au mesme temps Ciaxare suivy de grand nombre des siens, arriva en ce mesme endroit : & ces deux fiers ennemis à la veuë du Roy, suspendirent leur colere, & cesserent de se frapper. Quel Demon ennemy de ma gloire, s’escria Ciaxare en les separant, veut faire perir ceux qui m’ont fait triompher ? & pourquoy faut il que vous faciez vous mesme, ce qu’une Armée de cinquante mille hommes n’a pû faire ? A ces mots il s’informa du sujet de leur querelle : & l’ayant apris il blasma fort Philidaspe, d’avoir tiré l’espée contre un homme qui luy pouvoit commander : & se pleignit un peu de mon Maistre, de ce qu’il avoit esté cause en quelque façon, que le Roy de Pont s’estoit sauvé. Seigneur, luy dit Artamene, je m’engage à reparer cette faute, par des voyes plus honorables : & je vous promets de remettre en vos mains cét illustre Prisonnier, avant que la guerre finisse, ou de mourir dans cette entreprise. J’avois promis devant vostre Majesté, de n’endurer point qu’on le vainquist par le nombre ; & je me suis aquité de ma promesse. Si le Roy ne fust pas venu…… (reprit le desesperé Philidaspe) vous auriez peut-estre esté puny, adjousta mon Maistre en l’interrompant, de vostre audace, & de vostre temerité. Le Roy leur imposa alors silence à l’un & à l’autre ; les accorda sur le champ, d’authorité absoluë ; & les fit embrasser devant luy. En suitte dequoy, ayant fait sonner la retraite, l’on campa sur le champ de Bataille : & chacun s’estant retiré à sa Tente, Artamene fut se faire penser à la sienne, & Feraulas qui avoit esté blessé,