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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/413

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à leur gloire, plus elles travaillent à l’establir. Amestris parut donc fort reservée, en cette premiere conversation : elle ne pût pas toutefois me cacher les rares qualitez qui sont en elle : & durant un jour & demy que je retins Artambare à la Maison de mon Pere, je vy briller Amestris de tant de lumieres, que j’en demeuray esbloüy. J’admirois la pureté de son acçent ; la beauté de ses expressions ; & combien son eloquence estoit naturelle : la galanterie de son esprit ; la complaisance de son humeur ; & les charmes de son entretien, quelque retenuë quelle y voulust aporter. Pendant le temps que cette agreable Compagnie fut en ce lieu là, je taschay de la divertir, le plus qu’il me fut possible : je la menay à la Chasse, dans un Parc qui est derriere les Jardins : je la fis tousjours promener à l’ombre, aux heures mesme où les Soleil est le plus ardant. Enfin, soit par le chant des Oyseaux ; par le bruit des Fontaines ; par l’email des Parterres ; par les Peintures des Galeries, & par les Statuës ; ou par ma conversation, que je vinsse à bout de mon dessein ; toutes ces illustres Personnes m’assurerent, qu’elles ne s’estoient point ennuyées.

Apres donc, Seigneur, les avoir traitées avec le plus de magnificence qu’il me fut possible, il falut se resoudre à partir : je dis à partir en general ; car il ne fut pas en mon pouvoir de demeurer davantage dans cette maison : quoy que j’y fusse allé avec intention d’y tarder sept ou huit jours. Je dis à Artambare, que je voulois estre son guide : & que je voulois aussi aller estre tesmoin de l’aparition de ce bel Astre à la Cour dis-je en monstrrant la belle Amestris. Elle rougit à ce discours ; & y repartit sans affectation : & sans se