Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/74

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toutes choses : de ne faire plus la guerre contre le Roy des Medes : de luy envoyer des Troupes : & ce qui est le plus difficile à executer, je vous promets encore une fois, de ne parler jamais de ma passion à la Princesse, quand mesme ce seroit moy qui la delivrerois ; que vostre deffaite ne m’en ait donné la liberté. Faites ce que je feray : & gardez la fidelité à un Ennemi, si vous voulez qu’il vous la garde.

LE ROY D’ASSIRIE.

Artamene leût cette Lettre avec joye, & avec chagrin tout ensemble : il estoit bien aise de la promesse que le Roy d’Assirie luy faisoit : car enfin la Princesse pouvoit aussi tost tomber entre les mains de Labinet, qu’entre les siennes. Mais d’autre part, il estoit fasché d’avoir reçeu devant tant de monde, une Lettre du Roy d’Assirie ; qu’il n’oseroit montrer à Ciaxare, pour beaucoup de choses qu’elle disoit. Il n’en fit pourtant pas semblant : & comme il fut rentré dans sa Chambre, choisissant d’entre des Tablettes de bois de Cedre, de plomb, & d’escorce de Philire, les plus magnifiquement enrichies ; (car toute l’Antiquité ne connut jamais papier ni encre) & prenant un de ces Burins que les Anciens appelloient un Style ; il en escrivit ces mesmes paroles.