Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/161

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ne vous promets que ce que je ferois ſans doute quand je ne vous l’aurois pas promis. Mais Madame, adjouſta-t’il, je voy donc bien ce que je dois ne faire pas : mais je ne voy pas encore ce que je dois faire. Cependant il faut faire quelque choſe, & ſe reſoudre meſme promptement : car le Roy veut que je parte dans un jour ou deux ; tous mes gens ſont deſja ſur la route de l’Armée ; les Troupes que je dois commander, font peut-eſtre deſja aux mains avec le Roy de Phrigie ; & le moindre retardement me pourroit eſtre funeſte. Parlez donc Madame, voulez vous que j’aille me découvrir au Roy voſtre Pere ? voulez vous que j’aille me faire reconnoiſtre par le Roy de Phrigie ; & que je taſche de l’obliger à faire la paix, pendant que vous agirez aupres de Creſus ? Enfin prononcez mon arreſt : mais quel qu’il puiſſe eſtre, ne me banniſſez pas de voſtre cœur, & ne m’exilez meſme pas pour long-temps. Il faut donc, luy dit elle en ſoûpirant, sçavoir faire des miracles : puis qu’à moins que de cela, il n’eſt pas poſſible de vous contenter. Car enfin, pourſuivit elle, puis que la condition dont vous eſtes, me permet avec plus de bien-ſeance de vous ouvrir mon cœur : j’ay une choſe à vous dire qui vous ſurprendra, & qui vous affligera tout enſemble : qui eſt, que ſi vous fuſſiez demeuré dans l’incertitude de voſtre Naiſſance, au retour de cette Campagne ; le Roy mon Pere, qui veut que celuy que je dois épouſer, aide au Prince Myrſile à regner apres ſa mort, & ſoûtienne le Sceptre entre ſes mains ; avoit reſolu, ſi je le puis dire ſans rougir, de vous choiſir pour cela, & de vous y engager par ſon alliance. Ha Madame, interrompit Cleandre, je n’ay que faire d’eſtre Fils de Roy ſi