Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/164

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il fit meſmes voir ſecrettement Thimettes & Acrate à la Princeſſe : & luy monſtra les Tablettes dans leſquelles eſtoit la Lettre du Roy de Phrigie, & le Billet de la Reine la femme. Apres avoir donc bien conſulté ſur ce qu’ils devoient faire : il fut reſolu que Cleandre partiroit ſans rien dire à Creſus : que mon Pere & moy l’accompagnerions : que Thimettes & Acrate ſeroient du voyage : qu’à une journée de Sardis, Cleandre envoyeroit un des ſiens à Menecée, avec une Lettre pour luy, & une autre pour le Roy, qu’il luy preſenteroit, par laquelle il luy découvriroit ſa naiſſance, & l’aſſureroit de ne faire jamais rien contre ſon ſervice, & de n’oublier jamais ſes bienfaits. Qu’il éçriroit auſſi au Prince Myrſile ; à Mexaris ; & à Abradate, afin qu’ils le ſervissent aupres du Roy : que cependant il s’arreſteroit ſur les frontieres de Phrigie : & envoyeroit Timocreon vers le Roy ſon Pere, pour luy aprendre toutes choſes : & pour luy demander la grace de s’en vouloir éclaircir avec Thimettes & avec Acrate, qui fut auſſi genereux dans ſon repentir, qu’il avoit eſté foible à commettre un crime, par le commandement de ſon Maiſtre. Que cependant Cleandre quand il ſeroit reconnu, tâcheroit d’obliger le Roy ſon Pere à la Paix : & que la Princeſſe auſſi bien que Menecée, y porteroient de leur coſté le Roy de Lydie autant qu’ils pourroient. Apres cette reſolution priſe, elle remit le petit Tableau qu’elle avoit, entre les mains de Timocreon : qui n’aimant pas moins Cleandre que s’il euſt eſté ſon Fils, voulut touſjours eſtre dépoſitaire de tout ce qui pouvoit ſervir à ſa reconnoiſſance. Comme toutes ces entre-veuës ne pûrent eſtre faites ſans que les eſpions que le Prince Arteſilas avoit