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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/210

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De ſorte qu’il avoit formé le deſſein d’enlever la Princeſſe. Que pour cét effet, il avoit quitté le Roy ſur quelque pretexte : qu’il s’eſtoit déguiſé ; qu’il avoit fait entrer des Soldats dans Epheſe, déguiſez auſſi en Païſans, & les avoit enfermez dans cette maiſon d’où nous les avions veu ſortir, & dont le Maiſtre avoit autrefois eſté à luy. Il nous dit de plus, qu’Arteſilas avoit reſolu d’attendre durant quelques jours que l’on ouvriſt la Porte de ce Temple pour s’en ſaisir, & pour aller prendre la Princeſſe Palmis, & l’emmener dans un vaiſſeau, dont il eſtoit aſſeuré : avec intention, ſi cette Porte du Temple ne s’ouvroit point durant trois jours, de la forcer pendant une nuit, & d’executer ſon entrepriſe comme il avoit voulu faire, lors qu’il nous avoit rencontrez, & que nous l’en avions empeſché. Si bien que nous a priſmes par le diſcours de cét Eſcuyer, que du moins Cleandre avoit fait que la Princeſſe n’avoit point eſté enlevée par Arteſilas : & que les Dieux s’eſtoient voulu ſervir de ſa main, pour le punir d’avoir eu part à une conjuration ſi noire, comme avoit eſté celle du Prince Antaleon. Cependant la nuit eſtant venuë, nous fuſmes moüiller à une petite Ville où nous fiſmes penſer Cleandre, & trois ou quatre Soldats qui eſtoient plus bleſſez que luy, & que nous y laiſſasmes avec des gens pour en avoir ſoing. En ſuitte quittant la Mer, & prenant des chevaux qui nous attendoient à cette Ville, & que nous y avions envoyez, en cas que noſtre entrepriſe manquaſt, & que nous vouluſſions nous ſauver par terre ; nous ſommes venus icy. Nous nous ſommes pourtant arreſtez deux jours en chemin, pour envoyer sçavoir des nouvelles de la Princeſſe : & nous avons sçeu