Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/35

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cependant il l’aſſuroit, qu’elle ſeroit ſervie avec tout le reſpect qui luy eſtoit deû. Panthée le remercia fort civilement : & ils ſe ſeparerent tres ſatisfaits l’un de l’autre. En effet il euſt eſté difficile, que deux Perſonnes ſi accomplies, n’euſſent pas eu beaucoup d’eſtime l’un pour l’autre en ſe connoiſſant : car ſi Cyrus eſtoit admirable en toutes choſes, Panthée eſtoit une Princeſſe tres parfaite. Sa beauté eſtoit une des plus eſclatantes du monde : & de celles qui ſurprennent le plus les yeux, & qui inſpirent le plus d’amour. Elle avoit une majeſté ſi douce, & une modeſtie ſi charmante, qu’on ne la pouvoit voir ſans s’intereſſer en ſes malheurs.

Cependant Cyrus ordonna à Araſpe, de la conduire à Artaxate, luy laiſſant cinq cens Chevaux pour cela : apres quoy remontant à cheval avec le Roy d’Aſſirie, il fit une ſi grande diligence, qu’en trois jours il arriva aupres de Ciaxare, auquel il rendit conte de ſon voyage. De là il fut chez la Princeſſe Araminte, où le Prince Phraarte eſtoit deſja : il luy demanda pardon d’eſtre party ſans luy dire adieu : l’aſſurant qu’à ſa conſideration, il n’avoit eu deſſein que de delivrer ſa Princeſſe, & qu’il n’avoit point eu celuy de perdre le Roy ſon Frere. Elle luy aprit auſſi les inquietudes qu’elle avoit euës, par la crainte de recevoir quelque funeſte nouvelle de ſon entrepriſe. Comme il eſtoit chez cette Princeſſe, on le vint querir : parce qu’il eſtoit arrivé un Courrier d’Ecbatane, qui preſſoit encore Ciaxare d’y aller. Il en vint auſſi un autre ce meſme jour d’Ariobante : qui mandoit qu’il eſtoit adverty qu’il y avoit deſja quelque temps que Creſus avoit envoyé conſulter divers Oracles, ſur une entrepriſe importante qu’il vouloit