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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/582

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contraire, ſi nous ne les delivrons pas par cette voye ; toute la Lydie eſt infailliblement deſtruite. Au reſte, ce n’eſt pas encore pour eſpargner noſtre ſang, & pour nous empeſcher de combatre en forçant un paſſage de la Riviere, que nous avons recours à voſtre aſſistance : mais c’eſt que ſi nous le forcions, Creſus ne ſeroit pas conduite les princeſſes à Sardis, qu’il n’y fuſt avec toute ſon Armée. Ainſi elles demeureroient juſques alors à Epheſe, d’où on pourroit nous les enlever par mer, & d’où nous ne les pourrions du moins retirer, qu’apres pluſieurs Batailles & pluſieurs Sieges. C’eſt pourquoy, genereux Ligdamis, s’il eſt vray que la belle Cleonice ait touché voſtre cœur ſensiblement, & vous ait rendu capable de vous imaginer quel ſupplice peut eſtre celuy devoir la perſonne que l’on aime malheureuſe pour l’amour de ſoy ; agiſſez, je vous en conjure, en Amy du Prince Artamas, & en Amy qui connoiſt toutes les douleurs d’un Amant. Je ne vous dis point que la belle Cleonice eſt en ma puiſſance, car je vous declare dés icy, que quand vous me refuſerez ce que je ne vous demande qu’au nom du Prince de Phrigie, elle n’en ſera pas moins favorablement traittée. Ha, Seigneur, interrompit Ligdamis, c’en eſt trop ; & mon ſilence eſt criminel. Ouy, Seigneur, j’ay toit de vous avoir laſſé parler ſi long temps : & j’ay deu croire ſans doute, que tout ce que vous me propoſiez eſtoit juſte, ſans l’examiner comme j’ay fait. Mais enfin. Seigneur, me voila reſolu d’aider autant que je le pourray, à delivrer la Princeſſe Mandane, & la Princeſſe Palmis : c’eſt pourquoy il faut que je vous die, qu’à mon advis, le Prince Artamas n’aura rien gagné auprés de mon Pere : de ſorte que ſi vous pouvez