Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/115

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Ne manquez à rien de tout ce que vous m’avez, promis : & soyez, certain que de mon costé, je ne manqueray pas de faire ce que je dois. Assurez veut aussi bien des Gardes qui vaut ont engagé leur foy, que je suis assuré des Soldats que je vous meneray. Preparez vos gens à garder le respect qu’ils doivent à la personne du monde qui en merite le plus : & promettez leur en suitte, des recompenses dignes de leur service. Au reste, quoy que vous m’ayez, dit, & quoy que je vous aye promis, ma passion ne peut endurer, que ce soit vous seul qui faciez, tout mon bonheur : ainsi attendez, moy auparavant que de commencer l’execution de nostre dessein. Car enfin il pourra estre, que lors que la Princesse verra le Prince d’Assirie à ses pieds, elle luy pardonnera sa violence ; ou du moins l’execusera : & comme elle ignore également, que Philidaspe soit fils de la Reine Nitocris ; il importe que ce soit moy qui luy aprenne l’un & l’autre, aussi tost que nous l’aurons enlevée : afin de diminuer son deplaisir, par connoissance de ma condition. Celuy qui vous porte as Tablettes est fidelle : donnez, luy donc librement vostre response : & hastez vous, si vous voulez, obliger le plus amoureux Prince de la Terre, & le plus reconnoissant.

Artamene apres avoir leû ce que je viens de vous dire, fut surpris d’une estrangge sorte, & demeura dans une peine encore plus estrangge. Il eut pourtant la force de se contraindre pour un moment : il loüa ce Capitaine de sa fidelité ; luy promit de l’en recompenser ;