pas moyen de tirer nulle conjecture de tous les ſignes qu’il faiſoit. Tantoſt il monſtroit vers la route que ce Chevalier inconnu avoit pris, comme diſant qu’il faloit aller apres : tantoſt il monſtroit vers le coſté d’où il eſtoit venu, comme s’il en euſt attendu du ſecours : apres il regardoit & nous faiſoit regarder ce Pavillon que les gens de l’Inconnu avoient laiſſé : s’eſtant contentez d’emmener les Dames qui eſtoient dedans. Enfin par ſes ſignes & par ſes actions, il ne faiſoit que redoubler l’inquietude d’Artamene : qui pour voir s’il ne trouveroit rien dans ce Pavillon qui peuſt l’eſclaicir de ce qu’il vouloit sçavoir, deſcendit de cheval & entra dedans. Mais encore qu’il n’y rencontraſt rien qui peuſt luy donner nulle connoiſſance de ce qu’il cherchoit, il ne pouvoit neantmoins ſe reſoudre d’en ſortir. Il y avoit pourtant des momens, où ſans sçavoir pourquoy, il euſt preſque bien voulu aller apres celuy qu’il avoit ſecouru ſi à propos : il y en avoit d’autres auſſi, où il faiſoit deſſein d’attendre en ce lieu là s’il n’y viendroit perſonne qui peuſt luy donner connoiſſance de cette avanture : & il y en avoit d’autres encore, où il faiſant reproche à luy meſme, il ſe blaſmoit de perdre inutilement des momens qui luy devoient eſtre ſi precieux. Que fais ſe, diſoit il, icy, à m’intereſſer dans les affaires des autres, au lieu de m’aprocher de ma Princeſſe ? & comme s’il euſt eu honte de cette faute, il ſortit du Pavillon ; remonta ſur ſon cheval ; & commanda à un de ſiens de mettre ce bleſſé ſur un autre, & de monter en croupe pour le ſoutenir juſques à la premiere habitation, où il pourroit eſtre penſé, & d’où l’on pourroit envoyer prendre ces morts, qui à leurs armes paroiſſoient eſtre Capadociens.
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