Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/353

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Pour moy, adjouſta le Prince d’Aſſirie, je n’aime encore ny les blondes ny les brunes : mais ſi j’ay à en aimer quelqu’une un jour, je ne penſe pas qu’elle ſoit comme les aime Intapherne. L’Amour Seigneur, repliqua ce Prince, ne nous laiſſe pas le choix, de ce que nous devons aimer : & peut-eſtre, adjouſta-t il, que vous eſprouverez enfin ſa tyrannie. L’Amour, repliqua cét imperieux Prince, pourra peut eſtre comme vous dittes devenir mon vainqueur : mais du moins, ſi je ne me trompe, ne ſeray-je pas vaincu par des Beautez Aſſiriennes. Il y en a pourtant d’aſſez grandes à Babilone (repliqua Intapherne, qui ſe trouva alors ſeul avec le Prince, à dix ou douze pas de la Compagnie. ) Ouy (luy reſpondit il, avec un ſous rire malicieux) mais puis que la Princeſſe Iſtrine ne m’a pas vaincu, je n’ay rien à craindre : & ma liberté eſt en aſſurance à Babilone. Ma Sœur (reſpondit Intapherne, avec beaucoup de reſpect) n’a pas eu aſſez bonne opinion de ſa beauté, pour pretendre à une ſi illuſtre conqueſte : Mais Seigneur, ce que la mediocrité de ſes charmes n’a pû faire, ne ſera peut-eſtre pas impoſſible à beaucoup d’autres qui en ont plus qu’elle : & qui outre leur merite, ont peut-eſtre auſſi plus de bonheur. Il eſt vray, repliqua aſſez fierement le Prince d’Aſſirie, que la Princeſſe Iſtrine n’eſt pas heureuſe en ſes deſſeins : & qu’il y a ſujet de la pleindre, de n’avoir pû gagner une Couronne, qu’elle croit avoir bien meritée. je ne sçay Seigneur, reſpondit Intapherne un peu aigry, pourquoy vous me parlez de cette ſorte : mais je sçay bien que la Maiſon dont je ſuis, a donné plus d’une ſois des Reines à l’Aſſirie : & qu’ainſi quand ma Sœur par le commandement