Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/356

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de s’en aller voyager inconnu, juſques à ce que la Reine ſa mere euſt changé de ſentimens : ou que la Princeſſe Iſtrine fuſt mariée.

Il partit donc le lendemain de la reſjoüiſſance publique, que l’on fit à Babilone pour la paix de Phrigie, & ne mena aveque luy que trois des ſiens : entre leſquels il y avoit un homme de condition, qui eſtoit de la meſme Maiſon dont on diſoit que celle d’Aribée eſtoit ſortie : du temps que la Capadoce eſtoit ſous la puiſſance des Aſſiriens. je ne m’arreſteray point maintenant à vous raconter les voyages de ce Prince, qui en partant de Babilone, prit le Nom de Philidaſpe : & je vous diray ſeulement, qu’apres avoir eſté en pluſieurs Cours de l’Aſie, il arriva inconnu à Sinope ; un jour que l’on faiſoit un Sacrifice au Temple de Mars, pour la mort de Cyrus : un peu auparavant la guerre de Pont & de Bithinie. Quoy, interrompit alors Chriſante, le jour de Sacrifice fut donc le premier jour que le Prince d’Aſſirie, ſous le Nom de Philidaſpe, vit la Princeſſe Mandane ? Ouy, repit Marteſie, & ce fut ce jour là qu’il en devint amoureux, auſſi bien que l’illuſtre Artamene. Vous jugez bien, pourſuivit elle, que depuis cela, juſques au premier deſſein de l’enlevement de la Princeſſe Mandane, dont Artamene empeſcha l’execution, j’ay peu de choſes à vous aprendre : puis que vous avez eſté les teſmoins de cette jalouſie ſecrette, qui les obligeoit à ſe haïr ; & de ces preſentimens qui les advertiſſoient tous deux de ce qu’ils eſtoient. C’eſt pourquoy je ne vous entretiendray, ny de la violence de la paſſion de Philidaſpe ; ny de ſa jalouſie, ny de tout ce que l’amour produiſit en ſon cœur. Il faut toutefois que je vous aprenne