Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/490

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le Roy d’Aſſirie je la retrouvay : car Aribée n’avoit pas ſouffert que l’on euſt fait nul deſordre au Chaſteau. Et je ne sçay comment le jour dont nous partiſmes le ſoir, cette Eſcharpe me tomba dans les mains ſans y penſer : Et à l’inſtant meſme, pouſſée par je ne sçay quel mouvement, Madame (dis-je à la Princeſſe, qui en a comme je la tenois) voulez vous que cette Eſcharpe que vous aimez tant, & que vous refuſastes à Artamene, demeure entre les mains du Roy d’Aſſirie ? Mon Marteſie, me dit elle, je ne le veux pas : car ſi Artamene la luy voyoit un jour en quelque combat, il croiroit peut-eſtre que je la luy aurois donnée. Enfin Feraulas, elle la prit & la porta : & voila par quelle voye Mazare pût avoir cette Eſcharpe entre les mains : & comment Artamene a eu par celles d’un de ſes Rivaux, ce que la Princeſſe luy avoit refuſé. En ſuitte Feraulas & Chriſante reſolurent que Marteſie differeroit encore d’un jour ou deux à ſe faire voir : afin qu’ils euſſent le loiſir auparavant, de raconter ce qu’elle leur avoit dit à leur cher Maiſtre : & qu’ils euſſent conſulté ſes Amis, pour sçavoir quand il ſeroit temps que le Roy la viſt. Marteſie pria Feraulas d’aſſurer Artamene, qu’elle s’intereſſoit tres ſensiblement en ſa Fortune : & qu’elle ſouhaittoit paſſionnément, que cette ombre de liberté qu’on luy laiſſoit depuis quelques jours, fuſt bien toſt ſuivie d’une veritable liberté, qui le miſt en eſtat d’aller delivrer la Princeſſe. Apres cela, Chriſante & Feraulas la quitterent, pour aller chercher les voyes de luy obeïr promptement : & de donner à Artamene, la ſatisfaction d’apprendre la fidelité de Mandane.