Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/499

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ce qui faiſoit agir Philoxipe. En effet, ce jeune Prince ne fut pas pluſtost devant Ciaxare, qui l’avoit envoyé complimenter par Aglatidas & par Andramias, qu’apres l’avoir ſalüé ; Seigneur, luy dit il, j’avois eſperé de vous eſtre preſenté par une perſonne qui vous doit eſtre ſi chere, & qui s’eſt renduë ſi illuſtre par toute la Terre ; que j’ay eu beſoing que Thimocrate & Philocles ayent aporté tous leurs ſoings à me conſoler de la douleur que j’ay d’eſtre privé de cét avantage. Car enfin, quoy que le Prince de Cilicie mon Frere & mon Seigneur, & le Prince Philoxipe, m’ayent envoyé pour le ſervice de voſtre Majeſté, & que je leur aye obei avec plaiſir : je vous avouë qu’en mon particulier, j’avois eu une joye extréme, de pouvoir eſperer d’aprendre ſous l’illuſtre Artamene, un Meſtier qu’il sçait ſi parfaitement. Vous trouverez tant d’autres Maiſtres dans cette Armée, dit le Roy, en luy monſtrant tous ceux qui l’environnoient, que quand le bien de mes affaires ne me permettroit pas de delivrer Artamene, vous n’auriez pas ſujet de vous repentir d’eſtre venu parmy nous. Seigneur, reprit le Roy de Phrigie, nous ne ſommes tous que les Diſciples d’Artamene ; & ce Prince a raiſon de regretter comme il fait, la privation d’un avantage infiniment grand. Comme ce diſcours ne plaiſoit pas à Ciaxare, il le changea adroitement : & s’informa avec grand ſoing, de la ſanté du Roy de Chipre, de celle de Philoxipe, & du Prince de Cilicie. Mais quoy qu’il peuſt dire, Artibie en revenoit touſjours à Artamene. S’il luy parloit du Roy de Chipre, il luy diſoit que ce Prince avoit toujours eu grande opinion de ſa prudence, depuis qu’il avoit sçeu qu’il avoit