Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/501

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A ARTAMENE.



IE ſuis bien aiſe que la Fortune ait eſté de mon advis : & qu’elle vous dit donné ce que je jugeay que vous meritiez, dés le premier jour que j’eus l’honneur de vous voir. Je ſouhaite que comme elle n’a pas eſté aveugle en vous favoriſant, elle ne ſoit pas non plus inconſtante : & que vous puiſſiez, joüir toute voſtre vie d’un bonheur que perſonne ne vaut sçaurait envier ſans injuſtice. Au reſte je n’ay marié la Princeſſe Agariſte ma Sœur, qu’à condition que le Prince de Cilicie ſon Mary vous envoyeroit des Troupes : j’eſpere qu’en ma conſideration, le Prince Artibie vous ſera cher ; & qu’apres avoir aquis voſtre eſtime par les rares qualitez qu’il poſſede, vous luy accorderez encore voſtre amitié. Mais pour vous dire quelque choſe d’agreable, afin de vous y obliger davantage ; sçachez que cét homme illuſtre, que vous vintes chercher dans noſtre Iſle, par le ſeul deſir de connoiſtre ſa vertu, eſt amoureux de la voſtre : & que ſi le bien de ſa Patrie ne l’euſt r’apellé à Athenes, Solon euſt fait pour Artamene ; ce qu’Artamene fit pour Solon. Si vous vous intereſſez encore en ma fortune, j’ay prié Leontidas de vous l’aprendre : & de vous aſſurer que je n’ay guere eu plus de paſſion pour la beauté de Policrite, que j’en ay pour la gloire d’Artamene.

PHILOXIPE.