Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/616

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lors qu’il la trouva dans le Temple meſme : comment il avoit enfin deſcouvert ſa Cabane, & ſes diverſes penſées là deſſus : la premiere viſite qu’il avoit renduë à Policrite, lors qu’il la trouva faiſant des Feſtons de Fleurs : les converſations qu’il avoit euës avec Cleanthe & avec Megiſto : & enfin la violente pavion dont il s’eſtoit trouvé ſurpris. Il luy dit encore combien je l’avoit côbatuë, à cauſe de la baſſesse qu’il croyoit en la condition de Policrite : quel changement cette paſſion avoit cauſé en ſon eſprit : quel bruit ſa melancolie avoit fait dans la Cour : la bizarre imagination que le Roy en avoit euë : ſes converſations aveque luy, & avec la Princeſſe Aretaphile : la colere de cette Princeſſe, & l’embarras où il s’eſtoit trouvé : de quelle façon Mandrocle avoit fait les Portraits de Policrite : & enfin tout ce qui luy eſtoit advenu. Mais apres avoir finy ſon recit, ſans donner loiſir à Solon de luy parler ; ainſi Seigneur, luy dit il, vous voyez que je ne ſuis plus cét inſensible Philoxipe que vous avez autrefois connu : mais du moins puis-je vous proteſter, qui j’ay aimé Policrite dans une Cabane, avec le meſme reſpect que ſi elle euſt eſté ſur le Throſne : & je puis meſme vous aſſurer, que la paſſion que j’ay eüe pour elle, a eſté auſſi pure, que ſi j’euſſe sçeu qu’elle euſt eſté voſtre fille. Ne me condamnez donc pas je vous en conjure : puis que je n’ay fait autre choſe, qu’adorer la vertu de Solon, en la perſonne de Policrite. Ouy Seigneur, pourſuivit il, c’eſt plus de ſa vertu que de ſa beauté que je ſuis amoureux : cependant je ne laiſſe pas de meriter chaſtiment : car ſans doute mes viſites ont obligé Cleanthe à quitter ſon Deſert. Il n’a pas connu Philoxipe : & s’eſt imaginé qu’il abuſeroit de ſa condition. Mais