Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/619

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qui poſſedoit la Sageſſe au ſouverain degré, fit que du moins ſa douleur parut plus moderée, quoy qu’effectivement elle fuſt touſjours tres forte. Il m’a dit meſme, que quelque affligé qu’il fuſt, il ne laiſſoit pas de ſe ſouvenir de vous, & d’en entretenir Solon comme d’une perſonne fort extraordinaire.

Cependant le Roy ayant appris l’arrivée de Solon, & comme quoy Policrite eſtoit ſa fille, en eut une extréme joye : & voulurent qu’ils allaſſent à la Cour Philoxipe & luy : de ſorte que l’amour de ce Prince ne fut plus un ſi grand ſecret. Comme l’on s’imagina que Cleanthe ne ſeroit point ſorty de l’Iſle, l’on envoya un nouveau commandement par toutes les Villes, par tous les Bourgs, & par tous les Vilages, de rendre conte des Eſtrangers qui habitoient en tous ces divers lieux : Mais quoy que l’on peuſt faire, il fut un poſſible d’en rien aprendre. Cependant la Cour redevenoit fort melancolique : car la Princeſſe Aretaphile ne pouvant ſe reſoudre de pardonner au Roy, ce Prince auſſi par un bizarre ſentiment d’amour, s’obſtinoit à vouloir gagner le cœur de cette Princeſſe, auparavant que de l’aſſurer d’eſtre Reine. Philoxipe de ſon coſté, eſtoit deſesperé de ne retrouver point Policrite, & de l’avoir fait perdre à Solon : & Solon auſſi eſtoit fort triſte de n’avoir point de nouvelles de ſa fille : principalement en un temps où il faloit qu’il s’en retournaſt à Athenes : où il aprit qu’il y avoit d’aſſez grands deſordres ; & que toutes choſes s’y preparoient à la ſedition. Il sçeut qu’il y avoit trois Partis differens : qu’un nomme Lieurgue eſtoit Chef des habitans de la Plaine : qu’un appellé Megades fils d’Alemeon l’eſtoit de