Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/622

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En ſuitte dequoy, ayant formé ſur l’Autel un petit Bûcher de rameaux de Mirtheſée, elle prit un flambeau compoſé de Cire parfumée, avec lequel elle l’alluma : & de ce meſme flambeau elle en alluma cinquante autres, qui eſtoient en divers endroits du Temple. Apres cela une de ces Filles apporta deux Tourterelles liées enſemble, avec des filets d’or & de ſoye bleüe : & devant celle qui portoit ces Oyſeaux, marchoient quatre autres Filles chantant un Hymne à la Lydienne : qui comme vous sçavez eſt la plus parfaite Muſique du monde, ſi l’on en excepte celle de Phrigie. Apres celles là en vint quatre autres, portant deux Cignes attachez enſemble avec un cordon de ſoye bleüe meſlée de l’or : & ſuivies de quatre autres encore chantant comme les premieres. Ces Filles qui portoient les Victimes, ſe mirent à genoux au pied de l’Autel : En ſuitte dequoy celle qui faiſoit la ceremonie, afin de n’irriter pas Venus Anadiomene (qui autrefois avoit eſté adorée en ce Temple) par les honneurs que l’on rendoit à Venus Uranie : prit des Roſes & des Coquilles qu’elle ſema ſur l’Autel : & prenant une grande Conque de Nacre, pleine de l’eau de la Mer, puiſée au Soleil levant, en arroſa les Victimes. L’on prepara meſme le Couteau Sacre grani d’Agathe Orientale, comme pour les ſacrifier. Mais ces Filles qui chantoient touſjours, le deffendirent de la part de Venus Uranie : de ſorte que celle qui portoit les Touterelles, & les autres qui portoient les Cignes, s’eſtant approchées de celle qui faiſoit la ceremonie, elle les détacha : & ouvrant une des feneſtres du Temple, dans le meſme temps que l’on mit de nouveaux Parfums dans la Caſſolette ; ils ſe perdirent dans cette nüe