Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/632

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Policrite ; Doride ; & toutes les femmes qui les ſervoient : apres que Philoxipe eut recompenſé liberalement les femmes de ces Peſcheurs de l’hoſpitalité & de la courtoiſie dont Policrite leur eſtoit redevable. De vous dire maintenant la joye de Philoxipe & celle de Policrite, il ne ſeroit pas aiſé : & de vous redire en quels termes cét heureux Amant exprima ſa ſatisfaction à Policrite, & avec quelle obligeante modeſtie, elle reçeut les teſmoignages de ſon affection, & luy donna des marques de la ſienne ; ce ſeroit entreprendre un diſcours trop difficile. Car enfin aprendre en un meſme jour, qu’elle eſtoit Fille de l’illuſtre Solon, & qu’elle alloit eſtre Femme de Philoxipe, eſtoient deux choſes qui partageoient bien ſon ame, & qui mettoit un agreable trouble dans ſon cœur. Philoxipe ne manqua pas de faire voir à Policrite ſes Portraits dans ſa Galeries qui certainement quoy que tres beaux, l’eſtoient infiniment moins qu’elle. Le jour d’apres, Solon envoya chercher Cleanthe à Paphos, que l’on y trouva, & que l’on amena à Clarie : En ſuitte ayant donné les ordres neceſſaires pour cela, Cleanthe, Megiſto, Policrite, & Doride, eurent des habillemens proportionnez à leur condition. Le lendemain la Princeſſe de Salamis, & la Princeſſe Agariſte, ayant eſté adverties par Philoxipe leur Frere, de la verité de ſon Advanture : ces deux belles Princeſſes, dis-je, qui l’aimoient cherement, qui par cét advis avoient apris l’illuſtre Naiſſance de Policrite, & qui reveroient Solon comme un Dieu : furent prendre cette belle Perſonne à Clarie, pour la mener à Paphos. Mais Dieux qu’elles furent ſurprises de ſon extréme beauté ! & la comparant avec ſes