Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/666

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Mandane, & qu’il fuſt comme il le croyoit un vil Eſclave, ou du moins un ſimple Chevalier.

Ils le quitterent en ſuitte, afin d’aller adviſer tous enſemble, à ce qu’ils avoient à faire : au ſortir du Cabinet du Roy, tous ceux qui eſtoient dans la Chambre les environnerent auſſi toſt, pour sçavoir ce qu’ils avoient apris : faiſant aſſez entendre par leurs diſcours & par leurs actions, qu’ils eſtoient preſts de tout entreprendre pour Artamene. Mais ces Rois ne voulant pas les inſtruire en ce lieu là de ce qu’ils avoient sçeu, s’en allerent chez Hidaſpe : où ils Rirent ſuivis de toute cette multitude de Gens de qualité, que ce grand changement avoit amenez chez le Roy. Ils n’y furent pas pluſtost, que Feraulas qui les y attendoit, ayant ſupplié le Roy de Phrigie qu’il luy peuſt dire un mot en particulier, luy aprit que depuis qu’il eſtoit ſorty, il avoit sçeu que Metrobate avoit pris la Caſſette d’Artamene, & l’avoit portée au Roy : il luy dit en ſuite, comme infailliblement il y auroit trouvé un Portrait de la Princeſſe, qui n’avoit pas eſté fait pour luy : que Mandane ne luy avoit pas donné, comme il ſeroit aiſé de le prouver : & que Marteſie n’avoit meſme fait que luy preſter ce jour là. Mais qu’apres tout, quoy qu’il fuſt fort facile de juſtifier la Princeſſe de ce Portrait, il ne l’eſtoit pas de trouver un pretexte au Roy, autre que l’amour d’Artamene pour Mandane : qui luy fiſt voir pour quel ſujet il avoit deſiré avoir ce Portrait dans ſa Priſon. Enfin comme tous ceux qui eſtoient alors chez Hidaſpe, eſtoient tous amis d’Artamene ; ce Prince dit à ceux qui ne sçavoient pas ſon hiſtoire, qu’il leur engageoit ſa parole, qu’Artamene eſtoit le