entre Steſilée & Philiſte, qui faiſoit qu’elle ſouhaittoit qu’elle fuſt veuë negligée, y conſentit ; & nous mena Antigene & moy, chez cette belle Corinthienne. Mais auparavant elle nous dit beaucoup de bien de cette Perſonne : & nous n’euſmes alors gueres moins d’envie de la connoiſtre, qu’elle en avoit de me voir. Pour Antigene, elle n’avoit point oüy parler qu’il fuſt à Jaliſſe, & ne l’avoit meſme jamais veû : car comme je l’ay dit, elle n’eſtoit pas née à Corinthe quoy que ſon Pere en fuſt ; & elle eſtoit née à Jaliſſe.
Nous ſuivismes donc le Chariot de la Princeſſe dans un autre : & comme nous fuſmes arrivez à la porte de Philiſte, elle ſe fit malicieuſement donner la main par Antigene, afin de la mieux tromper ; & m’obligeant d’aider à marcher à Steſilée, & de la ſuivre de bien prés ; nous trouvaſmes que Philiſte eſtoit effectivement en habit de perſonne qui ſe trouvoit mal, quoy qu’elle n’en euſt ny le taint ny les yeux ; & qu’elle fuſt auſſi propre que ſi elle euſt eſté en ſanté parfaite. Cette belle Perſonne eſtoit ſeule dans ſa chambre, fort occupée à accommoder des Pierreries, comme ſi elle euſt eu deſſein de ſe parer le ſoir, ou le lendemain pour aller au Bal. Quoy Philiſte, luy dit la Princeſſe, le croyois vous trouver au lit, & je vous trouve ſans doute preſte d’aller à quelque Feſte publique ! Pardonnez moy Madame (luy dit elle en riant auſſi bien qu’elle) mais vous me trouvez avec le deſſein de me preparer à la guerre ; car vous sçavez bien que c’eſt avec de pareilles armes (dit elle en abaiſſant la voix, & en montrant les Perles & les Diamans qui eſtoient ſur ſa table) que celles qui ne ſe fient pas à la beauté de leurs yeux ont recours aux occaſions importances. En voicy une qui l’eſt beaucoup (luy dit la Princeſſe reſpondant