Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui eſtoit deſja devenu mon Rival) n’a pas tant d’obligation que vous penſez, à cette belle Perſonne : & comment l’entendez vous ? reprit la Princeſſe ; c’eſt Madame, repliqua t’il qu’elle n’a pas dit poſitivement qu’elle croyoit que je fuſſe Philocles : & qu’elle s’eſt contentée de ſouhaiter que je le fuſſe. Cela eſt ce me ſemble encore plus obligeant, interrompit Steſilée ; car ſi elle avoit dit ſimplement quelle croyoit que vous l’eſtiez, ce n’auroit eſté qu’une marque de ſon eſtime : mais ayant fait un ſouhait qui vous eſt ſi avantageux, c’en eſt une de ſon inclination. Il n’eſt pas neceſſaire, interrompit Philiſte en ſous-riant, que vous preniez la peine d’expliquer mes ſentimens en ma preſence : car ſi quelqu’un en doute, je les luy expliqueray moy meſme. Non Madame, luy dis-je, ne vous expliquez pas davantage, s’il vous plaiſt : puis que je craindrois qu’Antigene ne mouruſt de joye & moy de douleur, ſi vous luy donniez plus de marques de voſtre inclination : & ſi j’en recevois davantage de voſtre averſion pour le veritable Philocles. Philiſte m’entendant parler ainſi, voulut me dire quelque choſe de civil, pour ſe racommoder aveque moy : mais plus elle vouloit parler, & plus elle s’embarraſſoit. Car voyant l’obligation que luy avoit Antigene, elle ne vouloit pas la diminuer : ſi bien que ne pouvant trouver preciſément à s’exprimer, dans cette juſte mediocrité qu’elle cherchoit, la Princeſſe en rioit avec Steſilée : & prenoit un fort grand plaiſir de remarquer ſon inquietude. De ſorte que s’en apercevant, je voy bien Madame, luy dit elle, que vous vous moquez de moy, de ce que je voudrois en obliger deux au lieu d’un :