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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/239

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Cour. Quand j’arrivay à Samos, il eſtoit preſt de s’embarquer, pour aller combattre le Prince des Mileſiens : de ſorte qu’apres luy avoir eſté preſenté par un homme de condition nommé Theanor, que j’avois connu a Paphos, je m’embarquay le lendemain aveque luy, ſans avoir veû perſonne à Samos que les Officiers des Galeres : avec un deſquels nommé Timeſias, j’eus querelle en m’embarquant : & deux autres petits démeſlez pendant le voyage. Cette Campagne ne fut pas longue, mais elle fut heureuſe : & nous revinſmes apres avoir vaincu tous ceux que nous avions combattus. Polycrate fut reçeu à ſon retour à Samos, avec beaucoup de magnificence : & comme j’avois eu le bonheur d’en eſtre aſſez aimé pendant noſtre navigation, j’eus ma part aux plaiſirs qu’il vouloit prendre à ſon retour. Le ſoir meſme que j’arrivay à Samos, apres toute la magnificence de l’Entrée qu’on avoit faite à Polycrate ; Theanor pour lequel j’avois autant d’amitié, que d’averſion pour Timeſias ; commença de me vouloir faire voir comme à un Eſtranger, toutes les belles choſes de ſa Ville. Il me mena dans le Temple de Iunon, à qui cette Iſle eſt conſacrée, qui eſt ſans doute un des plus grands & des plus beaux du monde ; & qu’ils eſtiment d’autant plus à Samos, que l’Architecte qui l’a baſti eſtoit Samien. De là nous fuſmes nous promener vers un ſuperbe Aqueduc, qui ſurpasse tout ce que j’ay veû de grand au monde : car il a falu percer de part en part une Montagne, qui a cent toiſes de hauteur : au deſſus de laquelle l’on a fait un chemin qui a plus de ſept ſtades de long, huit pieds de large, & autant de haut : & aupres de ce chemin l’on a creuſé un Canal de vingt coudées de profondeur, par lequel on