Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/30

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ébranlez : les lumieres de pluſieurs Lampes ſe ſont confondues & raſſemblées miraculeuſement en une ſeule lumiere : Le Soleil meſme s’en eſt eclipſé : ſa ſplendeur & ſa chaleur s’en ſont en ſuitte redoublées : toutes les Victimes ont annoncé ſa Grandeur : & tous les Aſtres l’ont marquée en caracteres d’or. Enfin Seigneur, nous avons veû des choſes, qui ne nous permettent pas de douter, que la perſonne de Cyrus, ne ſoit une perſonne extraordinaire : & une perſonne de qui la vie ne doit point eſtre ſous la juriſdiction des Rois de la Terre. Je sçay bien que vous me pouvez dire, qu’il ſemble fort eſtrange de voir interceder pour ſa vie des hommes qui par vos ordres ont offert plus d’une fois des Sacrifices, pour remercier les Dieux de ſa mort. Mais Seigneur, c’eſt par là que je pretens vous faire connoiſtre que la prudence humaine eſt une aveugle, qui nous égare en penſant nous bien conduire : & que ce n’eſt point aux hommes à vouloir penetrer dans les ſecrets du Ciel. Il eſt certain, Seigneur, que les Mages d’Ecbatane voyant que les Dieux annonçoient un grand changement en toute l’Aſie, ont creû qu’elle eſtoit menacée d’un grand mal : de ſorte que lors qu’il vint nouvelle de la pretenduë mort de celuy que l’on croyoit qui le devoit cauſer ; l’on en remercia les Dieux, comme de la mort d’un Prince qui devoit, ce nous ſembloit, ſe ſervir d’injuſtes voyes pour vous renverſer du Troſne, & eſtre le plus grand Tiran du monde. Mais aujourd’huy, que nous connoiſſons qu’Artamene eſt Cyrus, nous voyons clairement que nous nous ſommes abuſez : & que