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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/503

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qu’à cette Princeſſe qu’il aime plus que ſa propre gloire. Democlide qui en avoit eu ordre de Spitridate, le fit ſouvenir que lors qu’il avoit parlé au Prince ſon fils dans ſon Vaiſſeau au ſortir d’Heraclée, il luy avoit dit qu’il ne s’oppoſeroit point à ſon mariage avec cette Princeſſe : je m’en ſouviens bien, dit il, mais lors que je luy dis cela, c’eſtoit à condition qu’il iroit à la teſte d’une Armée m’eſpargner la peine de conquerir deux Royaumes. Mais puis qu’il ne l’a pas fait, dittes luy que comme en ce temps là il euſt eſté honteux à la Princeſſe Araminte, d’eſpouser le fils d’un Eſclave : il ſeroit aujourd’huy honteux, au Prince Spitridate, d’eſpouser la Sœur d’un Uſurpateur vaincu, & l’Eſclave d’Arſamone, comme elle la ſera bien toſt. C’eſt pourquoy dittes luy de ma part, que dans peu de jours je ſeray au Camp : & que pour luy eſpargner la douleur d’enchainer de ſa main celle qu’il prefere à deux Couronnes ; il n’entreprenne rien contre Cabira que je n’y ſois. Dittes luy enfin, qu’il ſonge à ſe vaincre ſoy meſme : ou qu’autrement il connoiſtra à ſes deſpens, quelle difference il y a d’un Sceptre à des fers. Je vous laiſſe à juger, Seigneur, avec quelle douleur Democlide ſe chargea de cette reſponse : la Reine eſcrivit au Prince ſon Fils pour le conſoler, & la Princeſſe Ariſtée fit la meſme choſe. Mais Dieux, que ces conſolations furent inutiles, & qu’il ſentit vivement cette affliction ! Democlide sçeut en partant d’Heraclée, qu’Arſamone avoit envoyé order à ce Lieutenant General de Spitridate auquel il ſe fioit, de l’obſerver ſoigneusement : & j’ay sçeu depuis par ce meſme Democlide, que le deſespoir de Spitridate fut ſi grand, lors qu’il aprit la cruelle reſponse