qui venoit au Roy d’Armenie : De ſorte que montant à cheval, il fut luy meſme reconnoiſtre ce que c’eſtoit. Il envoya auſſi toſt ſes ordres par tous les Quartiers, afin que ceux qui y commandoient ne peuſſent eſtre ſurpris, & que tout ſe rendiſt au Champ de Bataille : & apres avoir formé un gros des Troupes les plus proches de luy, & les avoir poſtées avantageuſement : il fut luy meſme obſerver la marche de celles qui paroiſſoient, & que l’on ne connoiſſoit point. Il ne fut pas pluſtost arrivé ſur une petite eminence, d’où l’on deſcouvroit toute la Plaine d’Artaxate, depuis le pied des Montagnes des Chaldées, juſques à celles où le Roy d’Armenie s’eſtoit retiré : qu’il vit en effet à ſa droite, mais encore fort loing, des Troupes qui ſembloient faire alte : pendant qu’un Gros environ de cinquante Chevaux ſeulement s’en eſtoit détaché, prenant droit le chemin du lieu où Cyrus eſtoit. Il n’eut pas pluſtost remarqué cela, que détachant auſſi pareil nombre des ſiens ſous la conduite d’Aglatidas, il envoya reconnoiſtre ce que c’eſtoit ; demeurant avec aſſez d’impatience à obſerver ce qui ſe paſſoit : & voulant, s’il eſtoit poſſible, deviner quelles pouvoient eſtre ces Troupes. Cependant comme Aglatidas, en l’eſtat qu’eſtoit ſon ame, ne cherchoit rien avec tant de ſoin que les occaſions de ſe perdre, il obeït à Cyrus aveques joye : & apres avoir exhorté à bien faire ceux qui le ſuivoient s’il faloit combatre : il s’avança la Javeline haute à la main, vers ceux qui venoient à luy. Comme ils furent arrivez aſſez prés les uns des autres, & preſques à la portée d’un Traict : Aglatidas, qui ſe preparoit deſja à charger ceux qu’il regardoit, & qu’il croyoit des Ennemis, vit que celuy qui commandoit ces cinquante Chevaux
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