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matiere, ſi elle n’eſt accompagnée de beaucoup de choſes qui luy manquent preſque toûjours. Il n’appartient qu’à Dieu d’eſtre le Dieu fort, le Dieu des armées & des vangeances, à qui rien ne peut reſiſter, & qui n’employe jamais ſa force que juſtement.

D’ordinaire la gloire des Conquerans n’eſt qu’vne fauſſe gloire, parce que leur valeur n’eſt qu’vne grande injuſtice. Ils font avec deux cens voiles la meſme choſe que fait vn pirate avec vn brigantin, & ne prennent pour regle de leur devoir, que leur ſeule avidité, ne comptant pour rien le ſang qu’ils répandent, & la deſolation des peuples.

A la verité, s’il ſe trouve vn Prince tel que le noſtre, capable de la guerre autant que l’ayent jamais paru les plus grands Conquerans, & auſſi rapide dans