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SONNET.

Le Printemps.



E
Nfin la belle Aurore, a tant versé de pleurs,
Que l’aimable Printẽps nous fait reuoir ſes charmes :
Il peint en ſa faveur, les herbes & les fleurs,
Et tout ce riche Eſmail, eſt l’effet de ſes larmes.

Cibele que l’Hiuer accabloit de douleurs,
Et qui ſouffroit des vents les inſolents vacarmes ;
Meſle parmi ſes Tours, les plus viues couleurs,
Et triomphe à la fin par ces brillantes Armes.

Les Roſes & les Lis, d’un merueilleux eſclat,
Confondent la blancheur, au beau luſtre incarnat ;
La Tulipe changeante, eſtalle ſa peinture :

Le Narciſſe agreable, à l’Anemone eſt ioint ;
Bref, tout ſe raieunit ; tout change en la Nature ;
Mais ſuperbe Philis, mon ſort ne change point.