Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/111

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fuyez jamais le travail. Craignez seulement que la paresse ne s’augmente en vous, jusqu’à vous rendre insuportables les peines qui accompagnent les premieres exercices de la vertu, & qu’avant mêmes qu’elles viennent, vous n’en conceviez de l’horreur.

C’est ce qui arrive aux ames lâches & timides. Car elles apréhendent toujours l’ennemi, quelque foible, & quelque éloigné qu’il soit, elles s’imaginent qu’on va à toute heure leur commander des choses facheuses, & ces vaines craintes leur causent du trouble au milieu même de leur repos. Sçachez donc qu’il y a dans ce vice un poison caché, qui non-seulement étouffe les premieres sémences de vertu, mais qui détruit même les vertus déja formées. Sçachez que ce que le ver fait dans le bois, il le fait dans la vie spirituelle, & que c’est par lui que le démon a coutume de faire tomber dans ses pieges la plûpart des hommes, principalement de ceux qui aspirent à la perfection.