Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/169

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visagez seulement ce qui est de vous, sans y mêler ce qui est de Dieu, & ce que vous tenez de sa grace, & fondez ainsi toute l’estime que vous concevrez pour vous, sur ce que vous avez de vous-même. Si vous regardez le tems qui a précedé votre naissance, vous verrez que durant toute l’étenduë de l’éternité vous n’étiez rien, que vous n’avez fait, ni pû faire la moindre chose pour mériter l’être. Et si vous considerez ce tems-ci, dans lequel vous subsistez par la seule miséricorde de Dieu, que seriez-vous sans le bienfait de sa conservation ? Que seriez-vous, qu’un pur néant ? Et ne retourneriez-vous pas dans ce néant d’où vous êtes sorti, si la main toute-puissante, qui vous en a tiré, ne vous soutenoit ?

Il est donc indubitable, qu’à ne regarder que ce qui vous apartient dans l’état naturel, vous ne devez ni vous estimer vous-même, ni souhaiter que les autres vous estiment. Dans l’être surnaturel de la grace, & dans l’exer-