Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/215

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té. Ces gens-là pour la moindre chose craignent de s’incommoder, il n’y a rien de quoi ils s’occupent, ni dont ils parlent plus souvent que du régime de vivre qu’ils doivent garder. Ils ont sur le choix des viandes une extrême délicatesse qui ne sert qu’à les affoiblir : ils préferent ordinairement celles qui flatent davantage le goût, à celles qui sont meilleures, pour l’estomac ; & cependant, si on les en croit, tout ce qu’ils prétendent, c’est d’avoir des forces pour mieux servir Dieu.

C’est-là le prétexte dont ils couvrent leur sensualité : mais dans le fonds ils ne cherchent que le moyen d’accorder ensemble deux ennemis irréconciliables, qui sont la chair & l’esprit : ce qui va infailliblement à la ruine de tous les deux ; puisqu’en même-tems l’un perd la santé, & l’autre la dévotion. C’est pourquoi une maniere de vivre moins délicate & moins inquiete, est toujours la plus aisée & la plus sûre.