Page:Scupoli - Le Combat spirituel, traduction Brignon, 1703.djvu/34

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CHAPITRE IV.
Comment on peut juger si l’on a véritablement de la défiance de soi-même, & la confiance en Dieu.

UN homme présomptueux croit avoir acquis la défiance de lui-même, & la confiance en Dieu ; mais c’est une erreur, qu’on ne connoît jamais mieux, que lorsqu’on vient à tomber en quelque peché. Car alors, fi l’on se trouble, si l’on s’afflige, si l’on perd toute espérance d’avancer dans la vertu, c’est signe que l’on a mis sa confiance non pas en Dieu, mais en soi. Et plus la tristesse & le désespoir sont grands, plus on peut juger qu’on est coupable en ce point. Car celui qui se défie beaucoup de soi-même, & qui se confie beaucoup en Dieu, commet quelque faute, il ne s’en étonne pas, il n’en a ni inquiétude, ni chagrin ; parce qu’il voit bien que c’est l’effet de sa foiblesse, & du peu de soin qu’il a eu d’établir sa confiance