Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/226

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MVZAIN.

 
Garrotté à l’enuers aux iantes d’vne rouë
Tu te fuis tu te ſuis, maudißãt tes amours,
Quand tu finis ton rond tu cõmences ton cours,
Tourbillon eternel du deſtin qui se iouë :
 Laſche ceſſe tes cris par trop entretenus,
Ie ſuis le compagnon de ta rouë indomptable,
Si tu aimes Iunon, i’aime außi ma Venus ;
Mais tu eus des plaiſirs qui me ſont inconnus,
Puis ie ſuis vne histoire, & tu n’es qu’vne fable.


A. D. V.





SONNET.

 
La vertu ſeule est le bien ſouuerain,
Et la vertu n’eſt vertu qu’aux allarmes,
Par les combats on cognoiſt les genſd’armes,
Dieux immortels, voſtre bien eſt donc vain.
 Vous eſtes ceints d’un fort rempart d’airain,
Et ne craignez murmures ni vacarmes :
Mais moi tout plein d’allarmes & de charmes,
Ie me defends de cris, de pied, de main.
 Si ie puis vaincre en dißipant mes chaiſnes,
Amour battu coulpable de mes peines
Sera foulé aux pieds de ma raiſon :
 Mais qui vaincroit aiant des corps paßibles,
Veu que les Dieux, s’ils n’eſtoient impaßibles,
Voudroient mourir en ſi douce priſon ?


A. D. V.