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Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/228

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SONNET.

 
Si mon ame eſt de feu, pourquoi n’eſt elle eſteincte
Par tant & tant de flots qui coulent de mes yeux ?
On te fait trop de tort, Oïle audacieux,
De noyer dans la mer ton corps, ton cœur, ta feincte.
 Et ſi l’ame est l’accord de ceſte maſſe eſtreincte
Par les liens puiſſans qui flottent ſoubs les cieux,
Galien, di pourquoi tant d’obiects ſoucieux
Diſcordans dedans moi ne l’ont encor deſceincte ?
 Mais l’ame eſt sans douter l’amome Aſſyrien,
C’est l’image naïf de noſtre plus grand bien,
C’est le ſouffle immortel de la forme des formes :
 Pourquoi te crains-ie donc ſi ie ſuis immortel,
O Amour, qui n’es rien qu’vn appetit mortel,
Diffamant les humains de cent playes difformes ?


A. D. V.





MVZAIN.

 
Tv es le rien, fortune : & ſi es toute choſe,
Rien, parce que de rien toutes choſes ſe font,
Tout, parce que dans toi les choſes se défont ;
Bref, tu es tout & rien, & leur metamorphoſe :
 Mais ce n’eſt pas par toi que i’aime ces beaux yeux,
Qui me vont tempeſtant ſur vn ardent Neptune :
Si i’aimoi par hazard le ſort audacieux
Eſteindroit quelquesfois mon feu pernicieux,
Puis qu’il eſt immortel ce n’eſt pas par fortune.


A. D. V.