Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/233

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MVZAIN.

 
Belle main plus blanche qu’albaſtre,
Plus delicate que les fleurs,
Qui combles mon ſein idolatre
D’vne iliade de malheurs :
 Pourquoi ne rougis-tu cruelle,
Du ſang de mon cœur arraché,
Sans eſtre plus blanche ny belle,
Afin que qui te perra telle
Deteſte auec moy ton peché.


A. D. V.





SONNET.

 
Qvand ie vai contemplant la diuine beauté
Dont le Ciel trop prodigue a paré voſtre face,
Et quand d’autre coſté i’admire voſtre glace,
 Surion perpetuel de voſtre cruauté,
Ie veux d’vn cœur ardant bannir ma loyauté,
 Cueillant du deſespoir vne mortelle audace,
 Et mon poignard hauſſé inuocque voſtre grace
 Preſt à payer les droits de voſtre royauté.
Mais helas ! balançant & la mort & la vie,
 Ie vous voy dans mon ſein, d’où ie perds toute enuie
 D’offenſer le pourtraict du Seigneur de mon ſort :
Ainsi la meſme face a vn effect contraire,
 Elle retient mon bras quand je me veux défaire,
 Et lorſque je veux viure, elle auance ma mort.


A. D. V.