Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/245

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SONNET.

 Ie chante & pleure, & veux faire & defaire,
I’oſe & ie crains, & ie fuis & ie ſuis,
I’hurte & ie cede, & i’ombrage & ie luis,
I’arreſte cours, ie ſuis pour & cõtraire,
 Ie veille & dors, & ſuis grand & vulgaire,
Ie bruſle & gele, & ie puis & ne puis,
I’aime & ie hai, ie conforte & ie nuis
Ie vis & meurs, i’eſpere & deſeſpere :
 Puis de ce tout eſtreint ſoubs le preſſoir,
I’en tire un vin ores blanc, ores noir,
Et de ce vin i’enjure ma pauure ame,
 Qui chancelant d’vn & d’autre coſté,
Va & reuient comme eſquif tempeſté
Veuf de nocher, de timon & de rame.


A. D. V.





MVZAIN.

 
Beau néz la colline d’Amour,
 Où touſiours les neiges blãchiſſẽt,
 Sur qui Venus faits ſon ſeiour,
Et ſur qui les graces fleuriſſent :
Beau nez la borne que les Dieux
 Mirent entre les viues flammes
 De ces brandons audacieux,
Pour garder la Terre & les cieux,
Vous eſtes l’Olympe des ames.


A. D. V.