Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/251

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 Ma léure eſt ton allegement,
 Et ſi ie baiſe ma Maiſtreſſe,
 I’aualle vne flamme traiſtreſſe
 Qui m’altere eternellement.
Si quelquesfois ie me pourmeine
 Tu vas & viens ſuivant mes pas,
 c’eſt le deſespoir qui me meine,
 Follette laiſſe cette peine,
 Si tu ne cerches ton treſpas.
Quand ie ſuis verſé ſur ma couche,
 Fiere de m’auoir avec toi,
 Nul n’approche ſans eſcarmouche ;
 Que gardes-tu mon lict farouche
 Puiſque l’aſſaſſin eſt dans moi ?
Tu viens au repas de ton maiſtre,
 Choisir tes morceaux dans ſa main,
 Et ſi mon cœur ſe veult repaiſtre,
 Tout ce qu’il aime deuient traiſtre,
 Et s’enfuit de deuant ſa faim.
Si quelque petit chien t’agaſſe
 Plus puiſſant de membres que toi,
 Tu cours iuſqu’à ce qu’il ſe laſſe,
 L’importun mal-heur qui me chaſſe
 Ne ſe laſſe iamais ſur moi.
Alors que j’eſcris mon martyre,
 Tu m’oſtes la plume des dois,
 Et l’Amour redouble ſon ire,
 Ie te pri’ laisse moi eſcrire,
 Ou bien oſte lui ſon carquois.
En fin apres mille carrieres,
 Et mille ſauts entrecouppez,