Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/272

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SONNET.

 Si quelque dieu bening caché dans le nuage
Ne dechaſſe l’oubli qui me va retardant,
Et ſi quelque Ithaquois finement regardant
Ne dément mon habit au feu de mon viſage,
 Si quelque anneau puiſſant ne me fait voir l’image
De la belle laideur que i’aime en me perdant,
Et ſi quelque bouclier pompeuſement ardant
Ne rappelle aux combats l’ardeur de mon courage,
 Que puis-ie faire helas ! renfermé dans des tours,
Pippé de faux obiects, caché ſoubs mes atours,
Enchaiſné de bouquets, que lamenter ſans ceſſe ?
 Non, ie ne plaindrai point ma douce liberté,
Ni mon honneur mourant, ſi ie reſte arreſté
Iouiſſant des faueurs de ma belle Maiſtreſſe.


A. D. V.