Page:Seconde partie des Muses françoises, 1600.djvu/277

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SONNET.

 Non, non, ie ne croi point ces traiſtres mes deux yeux,
Non ie ne vous croi point, oreilles infideles,
Ie cognoi trop mon cœur pour croire ces nouvelles,
Allez, n’en parlez plus, vous eſtes furieux.
 Vous m’avez ia perdus, enfans iniurieux,
Et vous ſouffrez les forets des furies bourrelles,
Voiez, oiez, croiez des amitiez nouvelles ;
C’eſt Oreſte qui void deux Soleils dans les cieux.
 Taiſez-vous, ie croi plus le faux que dit ma belle,
Que ie ne croi le vrai qui teſmoigne contre elle
Ne vous rebellez point contre voſtre vainqueur.
 Que pourriez-vous gaigner eſtant chargez de chaiſnes,
Si libres & armez voz forces furent vaines,
Quand il fuſt queſtion d’eſprouuer la vigueur ?


A. D. V.