qu’il sert ; il les sert toutes, et en est servi : c’est l’homme de l’univers.
Cela peut être vrai ; mais enfin en lui-même qu’a-t-il de respectable ?
De respectable ! Ce qui légitime dans un gentilhomme les droits de la naissance, ce qui fait la base de ses titres : la droiture, l’honneur, la probité.
Votre seule conduite, mon père…
Quelques particuliers audacieux font armer les rois, la guerre s’allume, tout s’embrase, l’Europe est divisée : mais ce négociant anglais, hollandais, russe ou chinois, n’en est pas moins l’ami de mon cœur : nous sommes, sur la surface de la terre, autant de fils de soie qui lient ensemble les nations, et les ramènent à la paix par la nécessité du commerce : voilà, mon fils, ce que c’est qu’un honnête négociant.
Et le gentilhomme donc, et le militaire ?
Il n’y a peut-être que deux états au-dessus du commerçant (en supposant qu’il y ait des différences entre ceux qui font le mieux qu’ils peuvent dans le rang où le ciel les a placés) ; je ne connais que deux états : le magistrat, qui fait parler les lois, et le guerrier, qui défend la patrie.
Je suis donc gentilhomme ?
Oui, mon fils ; il est peu de bonnes maisons à qui vous ne teniez, et qui ne tiennent à vous.