Page:Sedaine - Théâtre.djvu/297

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M. Vanderk père.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Antoine.

Monsieur, monsieur, un gentilhomme, un militaire, un diable, fût-ce un capitaine de vaisseau du roi, c’est ce qu’on voudra, mais il ne se battra pas, vous dis-je : ce ne peut être qu’un malhonnête homme, un assassin : il lui a cherché querelle, il croit le tuer, il ne le tuera pas.

M. Vanderk père.

Antoine !

Antoine.

Non, monsieur, il ne le tuera pas, j’y ai regardé… je sais par où il doit venir, je l’attendrai, je l’attaquerai, il m’attaquera, je le tuerai, ou il me tuera ; s’il me tue, il sera plus embarrassé que moi ; si je le tue, monsieur, je vous recommande ma fille. Au reste, je n’ai pas besoin de vous la recommander.

M. Vanderk père.

Antoine, ce que vous dites est inutile, et jamais…

Antoine.

Vos pistolets ! vos pistolets ! vous m’avez vu, vous m’avez vu sur ce vaisseau, il y a longtemps. Qu’importe, morbleu ! en fait de valeur, il ne faut qu’être homme, et des armes.

M. Vanderk père.

Eh ! mais, Antoine !

Antoine.

Monsieur ! Ah ! mon cher maître ! un jeune homme d’une si belle espérance ; ma fille me l’avait dit, et l’embarras d’aujourd’hui, et la noce, et tout ce monde : à l’instant même… les clés du magasin ! je les emportais. (Il remet les clés à M. Vanderk.) Ah ! j’en deviendrai fou ! ah ! dieux !