Page:Sedaine - Théâtre.djvu/300

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il sera égaré, verra mal… voyez pour lui, portez sur lui toute votre attention ; veillez à sa fuite, donnez-lui votre cheval, faites ce qu’il vous dira, faites ce que la prudence vous conseillera. Lui parti, portez sur-le-champ tous vos soins à son adversaire, s’il respire encore ; emparez-vous de ses derniers moments, donnez-lui tous les secours qu’exige l’humanité ; expiez autant qu’il est en vous le crime auquel je participe, puisque… puisque… cruel honneur !… Mais, Antoine, si le ciel me punit autant que je dois l’être, s’il dispose de mon fils… je suis père, et je crains mes premiers mouvements ; je suis père, et cette fête, cette noce… ma femme… sa santé… moi-même… alors tu accourras : mais comme ta présence m’en dirait trop, aie cette attention… aie-la pour moi, je t’en supplie… Tu frapperas trois coups à la porte de la basse-cour, trois coups distinctement, et tu te rendras, ici, dedans ce cabinet : tu ne parleras à personne, mes chevaux seront mis, nous y courrons.

Antoine.

Mais, monsieur…

M. Vanderk père.

Voici quelqu’un : eh, c’est sa mère !



Scène X


ANTOINE, MADAME VANDERK, M. VANDERK PÈRE.
Madame Vanderk.

Ah ! mon cher ami, tout le monde est prêt : voici vos gants, Antoine. Eh ! comme te voilà fait ! tu aurais bien dû te mettre en noir, te faire beau le jour du mariage de ma fille. Je ne te pardonne pas cela.

Antoine.

C’est que… madame… Je vais en affaire. Oui, oui… madame.