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LA MARQUISE.

Point d’autre nom ?

LA GOUVERNANTE.

Non, madame.

LA MARQUISE.

Non !… Et vous me direz, mademoiselle, que vous ignorez les idées de monsieur le marquis en vous amenant chez lui, et en vous dérobant à tous les yeux ?

MADEMOISELLE ADÉLAÏDE, d’un ton un peu sec.

Lorsqu’on respecte les personnes, on ne les presse pas de questions, madame ; et je respectais trop monsieur le marquis, pour le presser de me dire ce qu’il avait voulu me taire.

LA MARQUISE.

On ne peut pas avoir plus de discrétion.

MADEMOISELLE ADÉLAÏDE

Et j’ai déjà eu l’honneur de vous dire, madame, que j’ignorais que j’étais chez vous.

LA MARQUISE.

Vous me le feriez oublier.

MADEMOISELLE ADÉLAÏDE, se levant.

Madame, je me retire.

LA MARQUISE, levée, d’un ton radouci.

Mademoiselle, je désire que monsieur le marquis ne retarde pas le plaisir que j’aurais de vous connaître.

MADEMOISELLE ADÉLAÏDE.

Je le désire aussi.

LA MARQUISE.

Il a sans doute eu des motifs que je ne crois injurieux, ni pour vous, ni pour moi ; mais convenez que ce mystérieux silence a besoin de tous les sentiments que vous inspirez, pour n’être pas mal interprété.