Page:Sedaine - Théâtre.djvu/359

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LAFLEUR.

Pourquoi ? Et cette jolie personne enfermée chez monsieur, n’est-ce rien ? Je parie que c’est la plus charmante petite intrigue. Monsieur va l’envoyer à Paris ; il lui louera un appartement, il la mettra dans ses meubles ; le valet de chambre fera les emplettes ; c’est tout gain. Madame se doutera de la chose, ou quelque bonne amie viendra en poste de Paris pour lui en parler, sans le faire exprès. Ah ! Gotte, si tu as de l’esprit, ta fortune est faite. Tu feras de bons rapports, vrais ou faux ; tu attiseras le feu ; madame se piquera, prendra de l’humeur, et se vengera. Croirais-tu que je ne l’ai dit à madame que pour la mettre dans le goût de se venger ?

GOTTE.

Tu es un dangereux coquin.

LAFLEUR.

Bon qu’est-ce que cela fait ? Il y a sept ans, dis-tu, que tu es à son service. Il faut qu’un domestique soit bien sot, lorsqu’au bout de sept ans il ne gouverne pas son maître.

GOTTE.

Il ne faudrait pas s’y jouer avec madame ; elle me jetterait là comme une épingle.

LAFLEUR.

Voici, par exemple, pour elle une belle occasion : Monsieur Détieulette est aimable.

GOTTE.

Monsieur ?…

LAFLEUR.

Monsieur Détieulette ; cet officier.

GOTTE.

Est-ce que tu le connais ?